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Dieu, la patrie, le roi… et le coronavirus 

Lundi 6 Avril 2020

Contre l’épidémie, le Maroc a pris relativement tôt des mesures jugées courageuses, dans un pays où les inégalités sociales persistent et continuent à se creuser. Il a fallu que le coronavirus frappe le royaume pour faire bouger les consciences.


Pour une durée d’un mois, le royaume a pris des mesures draconiennes. Le roi Mohamed VI qui a donné ses instructions pour la création d’un fonds spécial de gestion de crise, un compte qui vise à rassembler différentes contributions pour soutenir l’économie nationale et remettre à niveau le système de santé.
Au Maroc, la situation en effet critique : «l’agriculture est  déjà menacée par la sécheresse, le tourisme gravement touché par le covid-19. Ce sont ainsi les deux piliers de l’économie marocaine qui sont sévèrement contaminée», précise Yassine Boujendar, directeur régional de la Banque populaire.   
Des hôpitaux vétustes et abimés par l’usure du temps, un manque flagrant de personnel : telle était déjà bien avant la crise du corona virus, la réalité quotidienne du système de santé marocain. Une situation catastrophique  qui dure depuis des décennies.  « Le coronavirus met les choses à nu, les conditions de travail, l’état déplorable de nos hôpitaux », note Ahmed  Yaakoubi, médecin urgentiste à l’hôpital Ibn Sina de Rabat qui ajoute : « Ici, on fait tout pour protéger les personnes âgées. L'hôpital public au Maroc reste très vulnérable, pas besoin du covid19 en plus pour aggraver encore plus la situation ».
Crise de confiance
Résultat : les Marocains font de moins en moins confiance à leur gouvernement, doutant de la capacité du royaume à faire face à la crise. Beaucoup de frustrations se sont développées depuis 2011 des protestations sociales, des mobilisations populaires, se sont développées dans la plupart des régions. A la clé des revendications socio-économiques, de demandes de développement d’infrastructures (hôpitaux, université, écoles…..), toutes restées sans réponse de la part du gouvernement, auquel paradoxalement le palais royal demande  encore de réunir des fonds pour lutter contre la pandémie du coronavirus. « Le Roi est apparu en premier plan, le gouvernement est absent, c’est le retour du makhzen dans toute sa splendeur, » commente Kamel Bouda,  membre du mouvement 20 février et fer de lance de la contestation sociale.
Aujourd’hui, face à l’épidémie du coronavirus, les autorités ont demandé de suspendre les rassemblements dans l’ensemble des lieux de culte : mosquées, synagogues et églises. Au fond, la seule religion qui réunit aujourd’hui l’ensemble des Marocains est le confinement, remplaçant Satan par corona.

Mahdi Moussaïd


L’Ecole de Iournalisme et de Communication de Genève

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